samedi 25 septembre 2010

6 novembre : tirer la chasse




Rennes, quartier Sainte-Anne. Un demi après un nouvel entretien d’embauche qui ne me donne envie que de me débaucher. Et même pas une vieille morue à se mettre sous la bite ?! J’irais bien aux putes, mais impossible de savoir où c’est.

Depuis trois jours, arrivé en Bretagne pour… écrire ! Haha ! La belle affaire… Ecrire… comme si c’était un but en soi… Ecrire, comme si agiter son stylo rendait plus heureux ou, ne serait-ce que plus « vivant. » Ecrire… le seul moyen peut-être d’échapper à ce fléau que l’on nomme piteusement « travail ». Costume, pompes cirées, courbettes,… Pompe ! Le deuxième demi arrive.

Jouer sa pute, toujours. Se faire payer pour l’effort… Et combien l’effort est grand quand il s’agit de graisser la patte huileuse de portefeuilles dégoulinants ! Il n’est de pire sentiment que celui de ne pas en avoir. Quoique… je me sens un lépreux parmi les pestiférés. Un décalage né d’un décalage en lui-même. Je suffoque de ne parvenir à respirer. Le poids de la ville, la pesanteur de la campagne… Les foies de la villes, l’apesanteur de l’alcool. Je suis un être hagard dans le fruste d’un hangar. Je suis le couguar dans une forêt de lions. Je peine à griffer la patte d’une quelconque musaraigne. Je fais le règne du moi quand je ne maîtrise que ma fuite… et encore !

L’affrontement porcin entre moi et moi n’est que charcuterie. Andouille, sale ami, gens bons, porc ce laid, gens bêtes, saut 6 ! Je prends l’ascenseur 27 pour mes noces de sans, étage – 32. Au 36ème dessous j’émarge de mon 34 ½ avec moi-même.

Emarger… En pleine page mon inconséquence. Je suis un inclus, perclus de mots et démos. Démonstration de ma présence, démonstration de mon absence. Des monstres à Sion, à Babylone, à Rome, Athènes, Pékin et New-York et là mec, là. Je confesse que con, fesses et queue font bon ménage. Que je hais les ménages. Je ne puis souffrir d’être pris pour un con quand je ne suis qu’une queue. Immense, ridicule, fistulaire et vulvaire. Mes tripes se défont dans les luttes intestines du bien et du mâle ; dans les guerres fratricides du grain et du graal. Il faut bien bouffer, non ?!

Rennes, donc. Mais Klesseven. Lieu-dit de chasse et de paix, de place et de pets. Réveillé au son des fusils, agressé par le chant des oiseaux ne chantant plus et hurlant à la mort.
Le feu qui avale le bois, le vent qui souffle le feu, l’eau qui imprègne le pas, le pas prisonnier des fusils.



Ecrire… voyez la vacuité du procédé. S’il ne s’agissait que d’écrire… C’est être qui a disparu. La violence me ceint. De havre il n’est que Klesseven. Réveillé au son des canons, réveillé au son des voitures… les assassins dans l’acier. Assez ri ! Car il s’agit d’écrire, pas d’exister.

mardi 21 septembre 2010

27 août

Cambrai, cambrésis. Les barreaux de ma geôle durcissent. Ce sont des troncs multi-séculaires en titane. Des étrons multi-sellulaires de profanes. Mais plus rien ne se profane ici. On dort sur des matelas Cofidis, et on se branle devant sa télé Cégétel, pendant que le Crédit à picole nous finance un prêt hypno-précaire.

Tout le monde est sympa. Ça s’appelle la solide irritée. Du cul ! On a les parois anales à toute épreuve dans le nord. A force de se faire enculer et de trinquer à chaque étape… On paie le droit d’être gentil, avenant. Dans ce monde de requins, nous sommes les baleines. Si fortes et si imposantes qu’elles ne s’en aperçoivent. .. et se font bouffer petit bout à petit bout par des mâchoires trop aiguisées, qui nous taillent en miettes.

lundi 20 septembre 2010

Journal de terre, 6 août 2008




Le retour au pays est avéré. J’ai la quasi-impression de n’avoir jamais quitté ces terres désolées du Nord. Et j’insiste sur le « désolées ». Quel laborieux et gris univers que ces plaines plates à en mourir. La misère suinte de chaque brique, la pauvreté dégouline des trop nombreuses canettes jonchant le bitume. Oh, bien sûr, « les gens sont charmants », accueillants et serviables, mais derrières ces apparats sociaux reconnus habitent la violence et le mépris de soi, dans la remise, au fond du gamin.