mardi 23 février 2010
11 juin (journal demer, suite)
Nous avons quitté les îles de la Madeleine hier soir pour nous diriger vers Terre-Neuve et la mystérieuse « Isle aux Morts ». Tout cela a un parfum de roman d’aventure – voire plutôt d’horreur. Déjà suffisamment effrayé par les eaux sombres du Saint-Laurent, un appel radio nous parvient, nous avertissant qu'il y a un ‘homme à la mer’ – selon l’expression consacrée – disparu non loin de notre embarcation. Avec le brouillard et la nuit tombante, on n’y voit pas à trois mètres. Nous guettons quand même le moindre indice au-delà du bastingage. Après nos piteuses recherches, j’entends dire quelqu’un, pragmatique : « tu tombes dans une eau comme celle-là, à dix degrés, tes chances de survie sont de vingt minutes avant l’hypothermie. » Mon sommeil n’a pas été très reposant après cet épisode, et je m’approchais le moins possible du bord du navire.
Nous fendons les flots, tandis que c'est eux qui pourraient nous fendre à tout moment, me dis-je. Le moteur déchire le silence, car pas un souffle de vent ne vient lever la brume opaque qui nous entoure.
Dans ma couche, entre deux suées glacées, pensant à cet homme vraisemblablement déjà mort, je me demande bien pourquoi j’ai pris la décision d’embarquer… A quoi rime une telle impudence ? Puis je vois dans mes songes un aileron qui émerge doucement des flots, avant de laisser place à une créature géante, en noir et blanc, qui se lance dans les airs, dessinant un cercle parfait, pour venir s’écraser dans l’eau, et faire vibrer de sa vague le bateau. Verrais-je une orque ?
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