jeudi 17 mars 2011

Douce France III



Je suis le fruit d’une norme NF.
Sans capote on cabota
Et me voilà !
J’vais essayer d’être bref,
Vous raconter ma vie française
D’un gosse précoce
Qui à trois ans n’était plus gosse
Lorsque papa disait d’se taire.
Puis à quatre ans Noster Pater,
A cinq Ave Maria.
A six je me signais aux repas.
J’avais une bible
Qui m’indiquait la cible,
Fallait qu’je sois sensible,
Et toujours disponible.
A sept, j’avais déjà mon aube
Et me levais à l’aube.
A huit, déjà formaté,
C’est le missel que j’récitais.
A neuf ans, je découvrais la vie
Avec monsieur l’curé
A dix je m’prosternais devant Marie
Pour m’sieur l’abbé.
La bouche pleine de ses sermons
Sortants du pantalon.
J’avalais tout pour être pur.
Ne m’avait-on pas dit que tous étions impurs ?
J’enviais souvent jésus tranquille sur sa croix,
Souffrant d’une souffrance pleine de foi.




A onze, le collège.
Millier d’enfants pas comme moi.
La religion ?
C’est pour les cons.
Quel sacrilège ?!
Voir ma vie perdre sa foi.
Me trouver con
A croire ces affabulations.
C’est impossible, j’ai trop souffert
C’est impossible, mon cœur est vert.
A douze ans, biologie
Où j’ai appris
Le sens du mot pénis,
Que l’élixir est la semence.
Que seul le vice
S’est déversé à outrance.
A treize,
J’allais en reparler
Avec monsieur l’abbé.
Ce fat obèse.
Je voulais le confessionnal,
Il me dit de sortir
Qu’il fallait me punir
Après l’oral je passai l’anal.
A quatorze ans,
La peur était tout l’temps,
Une peur funeste
D’avoir inoculé la peste
Cette semence
Qui avait éclot
Après arrosage de sanglots
Sur une lancinante démence.
Je n’pouvais plus parler,
J’avais trop peur,
Trop peur…
Y’avait l’abbé…




A quinze ans, dev’nu autiste,
Mes parents se réjouirent
De me voir tant prier.
Pour eux j’étais pas triste
La foi avait tissé son empire
Et je m’accomplissais.
A seize ans, toujours seul,
Je me voyais dans un linceul,
La délivrance au bout du doigt.
Mon père avait un beau fusil,
Souvent j’allais le caresser,
Sentant palpiter le bois,
Cette crosse qui luit,
Pale lueur qui m’invitait
A m’en aller.
A dix-sept, j’appuyai.


1 commentaire:

Ankit a dit…

wow your blog is really nice :)