mercredi 10 février 2010

7 juin (journal demer, suite)



La vie tangue sur la mer qui n’est plus fantasmée. Nous avons commis notre première escale sur l’île aux Coudes, qui borde le Saint-Laurent. Une île minuscule tout de vert vêtue, en collines, prés et bois. Nous sommes partis à cinq se promener, l’occasion de commencer à lier connaissance avec ces personnes qui habiteront le même huis-clos que moi 35 jours durant.



Les paysages ne m’enchantent pas, et j’ai presque hâte de rejoindre le port et ma nouvelle demeure. La vue en redescendant vers le bateau est tout bonnement époustouflante (cf. : photo). Le soleil qui vient mourir doucement au travers des nuages fait étinceler le fleuve portant la coque.



Le décompte des passagers à bord effectué, le moteur revient crever le silence à peine troublé par les clapotis d’une eau plate et lugubre qui ne tarde pas à s’agiter. Dans la cabine, le roulis se fait entendre, et les vagues à l’âme me prennent comme l’écume vient s’écraser sur la coque. Entre souvenirs, perspectives, franche nostalgie et désir de futur, paradoxes et contradictions se ressemblent. Je suis sur un radeau, mon rade sur la rade, couard comme un lièvre, fier comme un coq, j’ai les ergots qui me blessent. Je vois la terre au loin encore, sachant qu’elle ne sera bientôt plus. Vais-je parvenir à me jeter à l’eau ? Si la mer m’appelle, la terre me supplie de ne pas la quitter. Je vois tout en gris dans cette brume totalitaire qui nous lèche depuis le départ de Québec, mais suis grisé. Le vent sur la peau vient me rappeler à quel point il est bon d’être vivant. J’ai froid. Résiste !

2 commentaires:

emilie a dit…

J'aime beaucoup, l'idée d'un journal illustré de ses photos...tu nous fais voyager, on a l'impression d'être avec toi, tu nous en donnes le mal de mer!DEPÊCHES toi de faire la suite
emilie

Anonyme a dit…

allez.....S'il te plait!!!!contre une pipe, si tu vx!!!!